Au début du XXème siècle, il n’y avait pas de couverture sociale comme aujourd’hui. C’est pourquoi, les habitants de nos villages ont éprouvé le besoin de s’entraider aussi bien moralement que financièrement en cas de maladie. C’est ainsi que fut créée en 1937 la Société de Secours Mutuels « La Solidarité », à l’initiative de Monsieur Jean François. C’est à la suite de son mariage avec Mademoiselle Puig Jeanne, originaire de Pollestres et amie de Monsieur Asquirol, qui occupait un poste important au sein de la Société Centrale Mutualiste « La Roussillonnaise » dont le siège est à Perpignan, que ce dernier convainc Monsieur Jean François de créer à Planèzes une Société de Secours Mutuels, initiative qui recueillit une large adhésion auprès des habitants de Planèzes.
Ce fut donc Monsieur Jean François qui en assura la Présidence et la Société s’affilia immédiatement à la Roussillonnaise. Le rôle de la Société était de percevoir les cotisations des adhérents : les assurés obligatoires (ouvriers agricoles en général) et les assurés facultatifs (exploitants agricoles, artisans ou commerçants).
A titre d’exemple, en 1939, nous trouvons 20 adhérents (10 de chaque catégorie) ; en 1953, 62 (25 hommes, 26 femmes, 11 enfants) ; en 1978, 59. Par trimestre, en 1940, un patron paie 45 F de cotisation, un ouvrier ou employé 69 F (si c’est un homme) ou 57 F (si c’est une femme).
Toutefois, il semble que, en ce qui concerne les assurés obligatoires, le montant de leur cotisation était reversé à la Mutualité Sociale Agricole (MSA). Par le canal de son Trésorier, la Société reversait aux adhérents le montant des prestations maladie que remboursait la MSA ou la Roussillonnaise.
Le premier Trésorier était Monsieur Malet Julien. A son décès, en 1946, ce fut Monsieur Jourda Alfred qui le remplaça. A la démission de ce dernier, au début des années 50, Monsieur Malet Joseph assure ce travail.
Après le décès de Monsieur Jean François, en 1981, Monsieur Malet Joseph lui succède à la Présidence , cumulant les fonctions avec celles de Secrétaire et de Trésorier. Il est bon de rappeler que si, officiellement, il y avait un Secrétaire, c’était le Président qui remplissait cette fonction.
Les premières années, le Président et le Trésorier tiennent à la Mairie le premier dimanche après-midi de chaque trimestre une permanence afin de percevoir (souvent en liquide) les cotisations des adhérents. Avec le temps, trop de personnes oubliant la permanence, le Secrétaire finit par faire du porte à porte pour les encaissements. Puis, sur un litige ou deux, pour plus de clarté, il fut convenu de délivrer un reçu à chaque adhérent attestant du paiement des cotisations. La Société possède, dès sa création, un CCP où sont versés chèques (assez rares) et liquide, liquide grâce auquel elle peut faire ses versements à la Roussillonnaise. Et vice-versa, cette dernière y reverse, tous les trimestres, les frais de gestion.
Ayant de plus en plus de responsabilités au sein du village (notamment en devenant en 1976 Président de la Cave Coopérative ), Monsieur Joseph Malet demande à une bonne connaissance siégeant à la Roussillonnaise s’il existe un moyen plus facile de gérer les comptes de la Solidarité afin d’avoir plus de temps disponible. Il lui est répondu qu’avec la naissance de l’informatique, l’appel et le remboursement des prestations se feront bientôt directement à la Roussillonnaise (d’après nos documents, aux environs de 1979).
Légalement, une Assemblée Générale (AG) est obligatoire tous les ans. Mais comme le dit encore aujourd’hui Monsieur Malet : « Il n’y a jamais eu de problème, donc pas de problème, pas d’AG. »
La Société fournit quand même tous les ans son état statistique (comptabilité) à la Préfecture ainsi que la structure de son Bureau (Président, Vice-Président, Secrétaire, Trésorier). Concernant sa gestion, les deux premiers cités ont l’autorisation du Bureau pour signer tout document nécessaire à sa bonne marche. Les primes à la naissance (exemple : 500 F en 1953) et les aides lors d’un décès existent au départ de la Société en 1937. Lors des obsèques d’un de ses membres, tous les adhérents se placent en tête du cortège, regroupés sous la bannière de la Solidarité avec, épinglée sur la poitrine, une cocarde aux couleurs rouge et verte du village (Madame Veuve Henric Bascou, délégué communal de la MSA finance l’achat de la bannière).
En 1999, la Roussillonnaise demande aux différentes Sociétés de Secours Mutuels, de fusionner avec elle afin que leurs adhérents soient directement pris en charge par elle. Cela ne change rien, vu que pour la plupart des adhérents, c’est chose faite depuis les années 80. On peut même dire que la Solidarité , à ce moment là, est au point mort, excepté le fait que toute nouvelle adhésion passe obligatoirement par elle. Ironie du sort : l’unique réunion que tient la Société de Secours Mutuels « La Solidarité » a pour objet la fusion avec la Roussillonnaise. Démarche faite auprès de la Préfecture par la Roussillonnaise elle-même, motivée par le fait que toutes ces Sociétés engendrent des frais supplémentaires inutiles vu le passage à l’informatique. Lors de la fusion, la Roussillonnaise récupère les fonds de la Société.
PS : Il va sans dire que c’est bénévolement que toutes ces personnes s’impliquèrent pour la bonne marche de la Société de 1937 à 2001